Manger
au monastère, Que pouvait-on bien manger au Carmel, au temps de Thérèse (de
Lisieux) ?
A mânca la manastire, Ce se putea mânca în Carmel, pe vremea Terezei din
Lisieux ?
Père Jean Louis Raphaël (FB) |
Père Jean Louis Raphaël (FB) |
Que pouvait-on bien manger au carmel , au temps de
Thérèse ?
La réponse implique à la fois le contenu de
l'assiette et de fort complexes manières de table.
Qu'est-ce qu'on mange
le petit déjeûner
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du pain à chaque bouchée
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Une soupe aux poireaux et pommes de terre, comme c'était
la norme à l'époque. Aux Buissonnets, on prenait ainsi le matin une soupe aux
oignons.
En carême : du pain et
simplement du bouillon clair.
Au petit déjeuner du dimanche, après la messe, soit vers 9 h, on servait dans de grosses soupières
jaunes du riz à l'oseille très chaud (d'après une tradition orale).
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Il ne fallait pas manger une seule bouchée, soit de
poisson, de légumes ou de dessert, sans pain, qui constituait la base de
toute nourriture.
Sans pain à chaque bouchée, on aurait traité les soeurs de
gourmandes!
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repas du midi et du soir
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pour les fêtes
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Pas de viande sauf pour les soeurs malades.
Le midi, on mange du
poisson ou des œufs (mais pas d’œufs en carême),
avec des légumes et des fruits.
Laitages sucré, midi ou soir. Un tout petit morceau de fromage à l'occasion.
Le soir, seulement des
légumes et des fruits. Rappelons que légumes et fruits proviennent du jardin
à peu près exclusivement.
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Le menu était un peu plus élaboré - sans viande.
Lire les lettres de Marie Guérin à son père, par exemple:
Merci, merci... des bons plats de crème et des bouteilles de vin blanc (7 sept. 1895); encore
un panier de prunes (sept. 1895); galettes
de sarrasin, crêpes, beignets, pets de none (28 déc. 1895); etc.
Parfois, elle fait une demande directe: Pour
la fête de notre Mère
ne pourrions-nous pas avoir des truites? (13 juin 1896).
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S'il vous plaît, pas de fourchette!
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collation en carême pour le souper
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le réfectoire
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Un bouillon clair et les fruits qui restent du midi.
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Petites recettes du temps
soupe mitonnée
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omelette aux pommes
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Le mot mitonné signifié "mijoté", en patois normand. C'est aussi, ce qu'au siècle
dernier, on appelait la panade, qui servait de bouillie aux bébés sevrés.
Chaque soir au Carmel de Lisieux, les soeurs converses
arrivaient de la cuisine au chauffoir pour la récréation avec des corbeilles
soigneusement tendues de toile blanche, et se
mettaient à couper en petits morceaux une bonne quantité de pain.
Le lendemain, on mettait ce
pain coupé dans de l'eau bouillante légèrement salée, et on laissait le
mélange "mitonner" longtemps, jusqu'à ce qu'on obtienne une soupe
crémeuse, d'où l'on ne distingue plus les morceaux . Cette soupe se mangeait
chaque matin, de Pâques au 14 septembre. On pouvait y ajouter alors un peu de
lait et de beurre, ce
qu'on ne faisait pas du 14 Septembre à
Pâques (jeûne de l'Ordre), car alors
on ne prenait rien le matin, mais on avait
cette soupe au repas de midi en plus.
Il se trouvait que la soupe était plus ou moins épaisse au grand dam des jeunes ( soucieuses de leur ligne ?),
qui se faisaient rabrouer par les anciennes : "De notre temps, la cuillère en bois pouvait y
tenir debout !" Lors des petites tempêtes intérieures, où il est facile
de ressasser ses griefs, on recommandait : "Ne faisons pas de la soupe
mitonnée".
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Pour les jours de grande
fête, Sr Geneviève (Céline, qui était
Provisoire) faisait faire de l'omelette
avec de la compote de pommes sucrée.
On fait cuire légèrement les pommes pelées et coupées avec
un peu d'eau et de sucre, et on les met de côté.
On fait ensuite l'omelette, avec les oeufs battus dans de l'eau et un peu de farine, pour le volume et la tenue.
On plie l'omelette avec les pommes dedans.
riz à l'oseille
Les dimanches, on faisait comme soupe du riz à l'oseille, que la
petite Thérèse évoque dans ses paroles rapportées dans le Carnet Jaune, à la date
du 12 août.
Faire cuire le riz à l'eau comme d'habitude. Faire revenir
de l'oseille dans du beurre jusqu'à ce
qu'elle soit cuite. Ajouter l'oseille au riz cuit.
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Comment manger au réfectoire
Trois textes décrivent les manières
carmélitaines
La Communauté vient du chœur au réfectoire, matin et soir… en récitant une ou plusieurs fois, selon la longueur du
chemin, le psaume De
profundis pour tous les défunts et en particulier pour les bienfaiteurs. En
arrivant au réfectoire, les Sœurs font deux à
deux une inclination profonde devant la croix placée au-dessus de la table de
la Prieure, se partagent en deux chœurs et
se rangent près des tables, les plus jeunes au bas du réfectoire et les
anciennes près de l’entrée. Elles s'y tiennent debout,
tournées en chœur, jusqu'à ce que toutes soient rangées; alors la semainière dit à sa place le verset A porta
inferi, et en même temps les Sœurs se tournent vers la croix jusqu'à la fin du
verset.
Après avoir répondu Amen, elles se retournent en chœur; alors la Prieure donne le
signe de commencer la bénédiction de la table.
A ce signe, la semainière dit le Benedicite, en faisant une
demi-inclination à la Communauté, et les Sœurs répètentBenedicite, en faisant
aussi une demi-inclination; la semainière commence un
des versets marqués au bréviaire, les Sœurs le poursuivent avec le Gloria
Patri ; la semainière dit le Pater
noster, et les Sœurs continuent à voix
basse, profondément inclinées. Au signe de la
Prieure, toutes se relèvent ; chacune fait le
signe de la croix. Après la bénédiction, elles se mettent à table sans bruit
et sans confusion, et la lectrice monte en chaire. Lorsque toutes les Religieuses sont assises, la Prieure
sonne la petite clochette pour faire commencer la lecture; environ une minute plus tard, elle sonne un second coup pour
commencer le repas.
[A certaines fêtes, on modifie un peu ce petit rituel, aux
jours saints également.]
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La bénédiction étant achevée, on se range à table, et on s'y tient fort modeste, les
mains sous le Scapulaire, la vue baissée et l'esprit élevé à Dieu, se
figurant qu'on est en la compagnie de Notre-Seigneur et des Apôtres, au
saint Cénacle, dont le réfectoire est l'image.
Lorsqu'on aura sonné le second coup de la clochette, après avoir fait le
signe de la croix et déplié sa serviette, on prend son pain pour le baiser, bénissant
Dieu de ce qu'il nous donne de quoi nous sustenter ; ensuite on commence sa réfection, chacune recevant de
la serveuse ce qu'elle lui présente, comme une aumône que Dieu lui envoie, et se regardant comme vraie pauvre de Jésus-Christ. Cette considération
doit nous porter à ne rien mépriser de ce qui nous est présenté, soit bon ou
mauvais ; s'il n'est pas selon notre goût, il faut se souvenir du fiel et du
vinaigre que Notre-Seigneur prit en la croix pour notre amour.
Il ne faut pas aussi tellement se laisser aller à
satisfaire la nécessité du corps, que l'esprit ne pense qu'à cela ; mais on doit réserver l'oreille et le coeur pour entendre et
savourer la lecture, ainsi que firent les Apôtres, écoutant les divines
paroles de Jésus-Christ pendant la dernière Cène. Il faut encore tâcher d'être
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Proposer de s'abstenir de quelque chose qui sera le
plus à leur goût, et de prendre le plus volontiers ce qui le sera le moins,
se souvenant du fiel et du vinaigre, dont le même Fils de Dieu fut abreuvé
sur la croix. Se souvenir aussi que Notre
Seigneur se plait à communiquer dès cette vie les douceurs de son esprit, aux
âmes qui se privent de bon cœur pour l’amour de Lui des satisfactions de
leurs sens.
Elles auront toujours les yeux baissés et arrêtés devant
elles, sans tourner la tête, et sans regarder les autres, ni ce qu'on leur
sert, et lors que la serveuse leur presentera les portions, elles lui ferons
une inclination de la tête et du corps, et elles prendront ce qui leur sera
le plus à main [proche de leur main] sans aucun choix.
Elles auront soin de se tenir droites, ne s’appuyant point
ni à la table ni à la muraille, et que leurs pieds soient retirés sous leurs
habits sans les mettre l’un sur l’autre, et leurs mains sous le scapulaire,
devant et après le repas. Elles doivent aussi
observer la modestie en leur façon de manger, prenant garde de ne le point
faire avec bruit ni trop vite, ni aussi trop lentement, ayant soin d'avoir
fait avec les autres.
Il faut prendre garde de ne rien mettre de ne point laisser
tomber de miettes de pain à terre. A la fin du repas, il faut ramasser toutes celles qui
sont sur sa serviette, par hommage à ce que Notre Seigneur ordonna à ses
apôtres, après avoir fait les miracles de la multiplication des pains, de
ramasser les restes, afin que rien ne fût perdu. (...) Il faut aussi prendre garde de ne pas salir ses doigts et
sa serviette que le moins que l'on peut. Il
faut laver sa cuillère et son couteau, et en toutes choses avoir grand soin
de la propreté.
Lorsqu'on plie sa serviette, il faut mettre son godet et tout le reste qui est dessus, le plus
doucement que l'on peut sur la table, afin de ne faire aucun bruit qui interrompe la lecture, ce qu'il faut aussi observer
pendant tout le temps du réfectoire.
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Bon appétit !
Sursa:
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