Le
miracle de Gallipoli, Italie ( Pluie de Roses, Sainte Thérèse de Lisieux )
« Je veux
passer mon Ciel à faire du bien sur la terre. Après ma mort je ferai tomber une
pluie de roses. » ( Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus )
« Le miracle de Gallipoli,
Italie
Mère Maria Carmela du Coeur de Jésus avait le même âge
que Thérèse et se trouvait confrontée à un grave problème:
sa communauté commençait déjà à ressentir les effets
d’une crise économique
qui touchait toute l’Italie et qui mena le monastère,
l’année suivante, à un pas de
la ruine. En 1910, trois cents lires étaient une grosse
somme. C’était le montant de la
dette que le monastère avait accumulée et que les soeurs
n’arrivaient pas à rembourser
avec leurs travaux de broderie et la préparation des
hosties pour le diocèse. Au
début de l’année, Mère Maria Carmela, certaine que la
petite Thérèse l’écouterait,
décida de célébrer un triduum à la
sainte Trinité pour demander, par l’intercession
de soeur Thérèse de l’Enfant-Jésus, une solution aux
graves problèmes de subsistance
du monastère. «La confiance fait des miracles», avait
écrit une fois Thérèse à sa
soeur Céline, en l’invitant à prier toujours, sans se
fatiguer. Et ainsi, la réponse aux
prières de Mère Maria Carmela ne se fit pas attendre.
Lettre de Mère Maria Carmela, prieure du
monastère des Carmélites déchaussées de Gallipoli, à Mère Agnès (soeur de
Thérèse) prieure du carmel de Lisieux.
Carmel de Gallipoli, 25 février 1910
Très Révérende Mère Agnès de Jésus
Que la grâce de l’Esprit saint soit toujours dans l’âme
de
Votre Révérence. Amen.
…La nuit précédant le 16 janvier de cette année, je ne
la passai pas très bien, je souffrais physiquement. Trois
heures du matin sonnaient, et presque à la limite de mes
forces je me relevai un peu sur mon lit comme pour me
rafraîchir et je m’endormis. Alors j’eus un rêve et je
sentis
comme une main qui me touchait et qui, remontant ma
couverture, me couvrait avec amour. Je crus que c’était
quelque soeur de la communauté qui avait voulu faire
envers moi cet acte de charité et sans ouvrir les yeux
je dis: “Laisse moi, ne m’évente
pas, je suis en nage, ce
n’est pas une bonne chose, je sens proprement la vie me
quitter”. Alors une voix inconnue de
moi me dit: “Non,
ma fille, c’est une bonne chose et elle ne t’enlève pas
la vie” et continuant à me couvrir elle dit
en souriant:
“Regarde, le Seigneur se sert aussi bien des habitants du
Ciel que de ceux de la terre. Voilà cinq cents lires avec
lesquelles tu paieras la dette de votre communauté”. Les
prenant, je répondis que la dette de ma communauté
était seulement de trois cents lires et elle reprit: “Cela
signifie que le reste est en plus, mais comme tu ne peux
pas garder d’argent dans ta cellule, viens avec moi”. Moi
sans répondre je pensais: “Comment
puis-je me lever
trempée de sueur comme je le suis?”. Alors pénétrant
mes pensées, elle ajouta en souriant: “La bilocation se
produira”. Et au moment même, je me trouvai
hors de
ma cellule en compagnie d’une jeune soeur carmélite;
il émanait de son habit et de son voile une lumière
paradisiaque qui éclairait la route. Elle me conduisit
jusqu’à la pièce du tour, me fit ouvrir un coffret en
bois
où se trouvait la note de la dette de la communauté et
me remit les cinq cents lires. Je la regardai joyeuse et
émerveillée et je me prosternai pour la remercier en
disant: oh, ma Sainte Mère! Mais me relevant et me
caressant affectueusement elle répondit: “Non, ma fille,
je ne suis pas Notre Sainte Mère, je suis la servante de
Dieu, Soeur Thérèse de Lisieux…! Aujourd’hui fête
au Ciel, fête sur la terre, puisque c’est la fête du Saint
Nom de Jésus”. Et moi émue, ébahie, ne
sachant que
dire, je m’exclamai, plus avec le coeur qu’avec la
bouche:
«Mon Dieu! Ces violences continuelles… » mais je ne
pus continuer. Ensuite la céleste soeur après avoir mis
sa main sur mon voile, comme pour l’ajuster, et m’avoir
fait une caresse fraternelle s’éloigna lentement.
« Attendez, lui dis-je, pour pourriez vous tromper
de
chemin [en italien «voie»] ». Et elle, avec un sourire
angélique, me répondit: “Non,
non, ma fille, ma voie est
sûre et je ne me suis pas trompée”. Je me réveillai, et
malgré ma fatigue, je fis un effort, me levai et
descendis
au Choeur, à la Sainte Communion, etc.
Les soeurs me regardaient et voyant que je n’allais pas
bien voulaient à tout prix appeler le médecin. Je passai
par la sacristie et comme les deux sacristines voulaient
absolument m’envoyer au lit et appeler le médecin, pour
éviter cela je leur dis que j’étais sous l’impression
d’un
rêve qui m’avait un peu ébranlée et je le leur racontai
avec simplicité. Ces deux religieuses voulaient ensuite
que j’aille ouvrir le coffret, mais je leur répondis
qu’il ne
fallait pas croire aux rêves, que c’était même un péché.
Finalement, vu leur insistance, je le fis, mais
uniquement
pour leur complaire. J’allai au tour, j’ouvris le coffret
et
là… je trouvai réellement le billet miraculeux de cinq
cents lires!
Je laisse le reste à votre considération!
Ma Révérende Mère, nous nous sentons
embarrassées d’une telle bonté et nous désirons
ardemment que vienne le moment où nous saurons
sur les autels la petite soeur Thérèse et notre grande
protectrice! Voulez-vous m’envoyer la vie de cet Ange
en langue italienne? Cela me fera extrêmement plaisir
et je vous aurai une reconnaissance éternelle. Je vous
remercie aussi du fond du coeur de la chère image que
vous m’avez envoyée. Que le bon Dieu vous récompense
largement de votre grande charité.
Veuillez agréer les respects les plus sincères de toute
la
communauté qui se recommande à vos saintes prières.
Et permettez-moi maintenant de vous recommander de
façon spéciale ma pauvre âme. Vous prierez beaucoup
pour moi, j’en suis sûre. Considérez-moi comme une de
vos soeurs (bien que j’en soit très indigne!), vu que
j’ai le
même âge que votre soeur céleste!
Je salue fraternellement votre communauté, ma bonne
Mère, et croyez-moi dans le Seigneur.
De votre Révérende, humble soeur et servante,
Soeur Maria Carmela du Coeur de Jésus, rci
Le coffret où ont été déposées les cinq cents
lires
Réponse de Mère Agnès à la prieure de
Gallipoli, le 4 mars 1910:
«Ma Révérende et bonne mère, vous devinez avec quelle
joie nous avons reçu votre si intéressante relation.
Thérèse nous avait dit étant encore ici-bas:
“Si ma voie de confiance et d’amour est suspecte, je
vous promets de ne pas vous laisser dans l’erreur, je
reviendrai pour vous avertir, si elle est sûre, vous le
saurez également”.
Et voilà que c’est à vous, Mère très chère en Jésus, que
cet ange vient dire ce qu’il en est:
“Ma voie est sûre, je ne me suis pas trompée”.
Peut-être n’avez-vous donné qu’un sens physique à cette
phrase, mais ici, il en a été différemment.
Ce que j’admire encore, c’est que Thérèse soit venue vous
dire cela juste au moment où l’on s’occupe de sa cause,
où l’on va étudier sa “voie”.
Ah, ma Mère, depuis sa mort ma petite Thérèse a fait
bien des merveilles, mais aucune ne m’a touchée comme
cette dernière».
C’est aussi la raison pour laquelle fut réservée au
miracle de Gallipoli une session spéciale du procès de
béatification.
Mais le “miracle de Gallipoli” ne se limita pas à
l’événement de janvier 1910. Le premier “cadeau du
Ciel” fut suivi d’autres cadeaux qui avaient pour but de
permettre au monastère de ne pas se trouver à nouveau
couvert de dettes. Fin janvier, les soeurs trouvèrent
dans la caisse, de façon inexplicable, vingt-cinq lires
supplémentaires, phénomène qui se répéta jusqu’en
avril.
Au mois de mai, Mère Maria Carmela revit en
rêve la
petite Thérèse qui la rassura en lui disant que le
miracle
se renouvellerait et lui promit qu’elle trouverait dans
le
coffret un nouveau billet de cinquante lires. En fait, il
en
fut trouvé non pas un mais trois. Finalement, en août,
apparurent cent autres lires. Le même mois s’ouvrait à
Lisieux le procès de béatification.
Pour éclaircir tous ces événements mystérieux, arriva
à Gallipoli le vice-postulateur de la
cause, Mgr de
Teil. Mère Maria Carmela lui fit un
récit entièrement
conforme à la relation précédente qu’elle avait envoyée à
la prieure de Lisieux.
Pendant ce temps, l’évêque
de Nardò, Nicola
Giannattasio, fut informé de la
prodigieuse somme
d’argent trouvée par la prieure. Il
savait aussi que les
Carmélites, désireuses d’embellir la pauvre église du
monastère, avaient recommencé à invoquer leur petite
soeur de Lisieux pour obtenir la somme nécessaire, trois
cents lires environ. Ainsi, pour témoigner sa dévotion
à l’égard de Thérèse et fêter le premier anniversaire du
miracle, il eut l’idée, au début de l’année, d’offrir au
Carmel
une somme équivalente à celle qui avait été trouvée au
mois de janvier précédent. Il prit un billet de cinq cents
lires et le mit dans une enveloppe. Il inséra
aussi dans
l’enveloppe sa carte de visite sur laquelle il écrivit: «In
memoriam, Ma voie est sûre, je ne me suis pas trompée,
Soeur Thérèse de l’Enfant-Jésus à Soeur Maria Carmela,
Gallipoli, 16 janvier 1910. Orate pro me quotidie ut
Deus misereatur mei». Sur
l’enveloppe laissée ouverte,
il écrivit à nouveau «In memoriam». Cette enveloppe
fut ensuite glissée dans une enveloppe plus grande
qui fut fermée par un sceau de cire à cacheter portant
les insignes épiscopaux. À l’emplacement de l’adresse,
l’évêque écrivit cette recommandation: «À déposer dans
le coffret habituel et à ouvrir par la Mère prieure, Soeur
Maria Carmela du Coeur de Jésus, le 16 janvier 1911».
Il fit parvenir cette enveloppe au Carmel et, quelques
jours plus tard, à l’occasion de l’anniversaire, il s’y
rendit
lui-même pour prêcher les exercices spirituels.
Ayant appris à son arrivée que l’enveloppe était intacte
et
qu’elle se trouvait toujours dans le coffret où elle
avait été
déposée, comme il l’avait demandé, il invita Mère Maria
Carmela à prendre cette enveloppe. Celle-ci l’ouvrit
après avoir rompu le sceau de cire et la passa à Mgr
Giannattasio qui eut la surprise de trouver à l’intérieur
quatre nouveaux billets de banque: deux de cent lires
et deux de cinquante, pour un total de trois cents lires.
L’évêque pensa que son billet avait été échangé avec des
billets de valeur moindre, mais il vit avec surprise que
le billet de cinq cents lires était encore dans la petite
enveloppe. Il n’en revenait pas. La prieure conclut alors:
«Cet argent est à vous, comptez-le. S’il y a trois cents
lires en plus, ne serait-ce pas ce que la communauté a
demandé avec tant de confiance à Soeur Thérèse?».
Il n’est pas étonnant, si l’on y pense, que Thérèse ait
été
émue par une requête faite avec cette “grande confiance”
qui est le propre des enfants et qui représente le coeur
même de sa “petite voie”. Et puis Thérèse connaissait,
elle aussi, la situation de ceux qui ne peuvent pas payer
leurs dettes. Dans la dernière
phase de sa maladie, elle
avait appris avec déplaisir qu’elle avait été aussi
dispensée
de l’office des morts que toute Carmélite doit réciter
pour ses consoeurs défuntes dans tous les monastères
du monde. Et elle avait dit à Mère Agnès: «Je ne puis
m’appuyer sur rien, sur aucune de mes oeuvres pour
avoir confiance. Ainsi j’aurais bien voulu pouvoir me
dire: je suis quitte de tous mes
offices de mort. Mais
cette pauvreté a été pour moi une vraie lumière, une
vraie grâce. J’ai pensé que je n’avais jamais pu dans ma
vie acquitter une seule de mes dettes envers le bon Dieu,
mais que c’était pour moi comme une véritable richesse
et une force si je le voulais. Alors j’ai fait cette
prière: O
mon Dieu, je vous en supplie, acquittez la dette que j’ai
contractée envers les âmes du Purgatoire, mais faites-le
en Dieu, pour que ce soit infiniment mieux que si
j’avais dit mes offices des morts. Et je me suis souvenue
avec une grande douceur de ces paroles du cantique de
St Jean de la Croix: “Acquittez
toutes les dettes”. J’avais
toujours appliqué cela à l’Amour… Je sens que cette grâce
ne peut se rendre… C’était trop doux! On éprouve une
si grande paix d’être absolument pauvre, de ne compter
que sur le bon Dieu».
À cet amour, à cette pauvreté, à cette paix Thérèse
avait ajouté, du Ciel, une charité surabondante et très
concrète. “
Extrait du livre “Pluie de Roses” miracles de Sainte-Thérèse, la
petite Thérèse de Lisieux »
http://www.la-petite-therese.com/